Le ouaouaron : une espèce envahissante en France – 2006
En France, l'avenir des amphibiens s'annonce difficile, notamment du fait de la disparition des zones humides. Depuis quelques dizaines d'années, une nouvelle espèce introduite, le ouaouaron (appelé grenouille taureau en France) menace le fragile équilibre de ces milieux. Cette grenouille fait preuve d'étonnantes capacités d'adaptation et les populations augmentent très rapidement. L'historique des introductions de cette espèce dans le monde et sa forte progression inquiètent fortement les spécialistes des amphibiens. Afin de limiter son impact et d'empêcher sa dispersion en France, Cistude Nature a débuté dès 2 un programme de quatre ans visant à mettre en place un plan d'éradication du ouaouaron en Aquitaine. Ce programme se divise en plusieurs parties visant à mieux connaître la biologie de l'espèce, sa répartition et son impact sur les amphibiens autochtones :
- Un inventaire qui consiste à connaître précisément la répartition actuelle du ouaouaron dans le sud-ouest de la France. Des écoutes de nuit sont réalisées (le chant du mâle est très caractéristique) et les têtards sont recherchés à l'épuisette dans les étangs. Il est alors possible de savoir sur quelles zones agir et d'appréhender l'ampleur du travail. Les populations apparaissent divisées en noyaux de taille plus ou moins importante, recouvrant parfois des territoires de près de 300 km2.
- Une étude du régime alimentaire confirme l'impact de l'espèce sur la faune patrimoniale. Les amphibiens sont en effet présents dans plus de 50 % des estomacs, ce qui montre que le ouaouaron est un prédateur redoutable pour les autres grenouilles, crapauds et tritons
- Pour mieux comprendre les mécanismes de dispersion et la biologie de l'espèce en général, un suivi par radio pistage est mis en place depuis 2004. Il est ainsi possible d'obtenir des informations sur les déplacements de l'espèce, son domaine vital, sa survie, ses sites d'hibernation et son cycle d'activité. Cette étude a par exemple permis de démontrer que le ouaouaron peut parcourir de grandes distances et utiliser les cours d'eau pour se déplacer
- Différents tests de capture sont réalisés dans le but de sélectionner les méthodes les plus efficaces et les moins onéreuses. Elles devront à terme permettre de freiner la progression de l'espèce. Les premiers résultats portent pour le moment sur le ramassage des pontes, le piégeage des têtards et le tir des adultes. Aucune méthode efficace n'a pour l'instant été trouvée pour le stade juvénile.
- La sensibilisation et la communication constituent une partie importante du programme. En effet, la répartition actuelle, en noyaux isolés, montre que l'espèce a surtout progressé grâce aux déplacements d'individus par l'humain. Ces déplacements sont bien plus dommageables que la propre dispersion de l'espèce. Ces déplacements doivent donc être arrêtés au plus vite. Cistude Nature a donc édité des brochures et des affiches afin de sensibiliser le grand public au danger des déplacements d'individus. Le programme est régulièrement cité dans les médias ou lors de colloques scientifiques.